mardi 28 décembre 2010

LE NOM DE LA ROSE


LE NOM DE LA ROSE

En l'an 1327, le moine guillaume de Baskerville, aidé du novice Adso, sont appelés dans un monastère pour enquêter sur la mort mystérieuse d'un moine. Leur démarche est entravée par des comportements où tout le monde a l'air de cacher quelque chose. Un autre moine meurt, assassiné. Un aveugle, Jorge de Burgos, semble connaître la cause des meurtres, mais reste hermétique à toute approche. De son côté Adso découvre l'amour avec une jeune fille qui s'est introduite dans le monastère. L'enquête se complique avec l'arrivée d'un prêtre de l'inquisition. Il s'agit avant tout pour lui d'arrêter les présumés coupables et de les condamner le plus rapidement possible aux flammes du bûcher.

Je n'ai pas découvert Le nom de la rose hier, encore moins avant hier, ce film, que dis-je, cette œuvre, je l'ai vu pour la première fois encore adolescent, même si à l'époque, j'étais encore bien trop jeune pour en apprécier toute la subtilité, toute la quintessence et le reconnaître a sa juste valeur, c'est à dire, comme l'une des œuvres cinématographiques majeures des années 80. Bien évidement, certains hurleront au loup devant une telle affirmation, jugeant tel autre film meilleur ou plus représentatif d'une décennie, les 80's, qui accessoirement, n'aura pas laisser un souvenir impérissable dans le septième art si on la compare a d'autres, bien plus fructueuses ; de même, quelques uns rechignerons devant le fait qu'une production européenne puisse tenir la dragée haute aux films hollywoodiens; cela, je l'assume parfaitement, surtout que des films dans le genre SOS Fantômes ou bien Un fauteuil pour deux sont certes sympathiques mais ne resterons pas dans l'histoire du septième art comme des œuvres impérissables. Bien évidement, tout cela reste une affaire de gouts personnels mais je tenais a vous le dire, ne serais ce que pour que vous compreniez toute l'importance que peut avoir a mes yeux un film comme Le nom de la rose.

Bien évidement, le film de Je an Jacques Annaud ne serait rien sans l'œuvre originale, le roman d'Umberto Eco (que je n'ai jamais eu l'occasion de lire par ailleurs mais il faudra que je m'y mettes un de ces jours), mais comme aujourd'hui, c'est l'adaptation qui est le sujet de cet article, et non le roman original, mes propos, mon ressenti, seront bien évidement ceux du film. Mais si Le nom de la rose (le livre) était considérer comme un véritable petit bijou, pour ne pas dire un chef d'œuvre, son adaptation n'en est pas moins incontournable comme je vais essayer de vous l'expliquer au mieux:

Avec sa grandiose bâtisse, sur un éperon rocheux, ses ciels nocturnes, crépusculaires ou tempétueux, Le nom de la rose est une réussite visuelle rappelant indéniablement les films d'horreurs gothiques de la grande époque de la Hammer. Comme un ancêtre mythique, l'abbaye écrase de son poids les moines et se révèle être le personnage principal, inquiétant, secret et mystique avec sa haute tour verrouillée à double tour, son inquiétant cimetière ou encore son fantasmagorique portail orné. Pour peupler le sombre et majestueux édifice, Jean-Jacques Annaud a fait appel à une véritable Cour des miracles, un défilé de tronches qui impriment leur faciès rebutant dans l'esprit du spectateur et qui marquera ceux ci fortement. Chaque personnage est un monument de laideur inoubliable : du bossu idiot à la gueule prognathe de Salvatore, joué par l'inimitable Ron Perlam au vénérable Jorge (Feodor Chaliapin Jr), vieil aveugle irascible au visage parcheminé, en passant par le bibliothécaire au profil de vautour et l'albinos adipeux qui se flagelle dans sa cellule. Autant d'injures à la Création et à la beauté qui sont contrebalancés par le visage buriné mais noble et franc de Guillaume de Baskerville (Sean Connery qui fit tout pour obtenir ce rôle qui sembla, après coup, fait pour lui) et la jeunesse insolente d'Adso (Christian Slater dans un de ses premiers rôles).

Dans cette atmosphère hostile, sombre, inquiétante, Guillaume de Baskerville, Sherlock Holmes franciscain, tente tant bien que mal de mener son enquête. Car il s'agit bien sûr et avant tout, entendons nous bien, d'une enquête sur un tueur en série sévissant dans l'abbaye, un tueur qui prend appui sur l'Apocalypse comme le tueur de Seven utilisera, des années plus tard (comme quoi, on s'inspire tous de quelque chose), les sept péchés capitaux. Chaque meurtre est, en effet, directement lié à une prophétie de l'Apocalypse : tué par la grêle ou noyé dans le sang. Le Diable habiterait-il l'abbaye ? La peur de la fin du monde semble pétrifier les moines qui, habitués du mystère et de la dissimulation, referment les portes, réelles ou non, qui auraient pu amener Guillaume de Baskerville à la vérité. L'abbaye est un huis clos physiquement mais aussi mentalement car rien ne doit filtrer en dehors de l'édifice. Et comme un certain nombre de moines semblent cacher un passé ou un présent sulfureux, le spectateur en vient à soupçonner tout le monde. Et la recherche du meurtrier, et surtout de ses mobiles, n'en devient que plus intéressante.

En parallèle de l'enquête policière, Le nom de la rose dépeint une Église médiévale en pleine tourmente. En opposition à une Église décadente et s'éloignant des préceptes du Christ, de nombreux courants se développent : les branches dissidentes vont rapidement se voir taxées d'hérétisme jusqu'à la création de l'Inquisition en 1199. Mais c'est en 1231 que le Pape Grégoire IX décide de la peine de mort pour les hérétiques les plus durs. Dans ce contexte troublé, Le nom de la rose oppose clairement une Église riche et hypocrite, celle de l'abbaye, à une Église se réclamant de la pauvreté. Comme un symbole de sa supériorité, l'abbaye est construite sur une masse rocheuse et surplombe un village miséreux : les ordures de l'abbaye sont des mets de choix pour ces derniers qui se battent pour obtenir les meilleurs morceaux, donnant au passage une scène marquante du film où des paysans crasseux se jettent comme des animaux sur cette « manne » tombée du ciel, don de la charité des moines. Cette richesse incongrue s'accompagne d'une déviance morale certaine, au moins du point de vue catholique. Tandis que les moines se montrent d'une piété certaine, l'attrait de la chair, envers le sexe opposé comme envers les jeunes moines prêts à tout pour obtenir quelques privilèges, ronge les fondations religieuses de l'abbaye comme de l'Église.

Grâce à un univers gothique remarquable, peuplé de personnages inquiétants aux gueules éprouvantes, Le nom de la rose stimule la partie sensible du spectateur, tout en descendant dans les tréfonds d'une Église catholique médiévale décante et obscurantiste. Cette Église là préfère dissimuler et détruire plutôt que voir ses préceptes remis en question. Cette même Église qui voit le Diable partout, qui voit dans le rire l'une de ses manifestations terrestres, qui sait bien qu'elle n'empêchera pas les masses populaires de rire, mais qui ne veut surtout pas que les létrés, que la petite minorité cultivée de cette époque, le moyen-âge, puisse subitement rire de tout, car alors, on rirait de Dieu également et cela serait la fin de son emprise. Un film, donc, assurément magistral de la première à la dernière seconde tant par son synopsis (mais là, bien sur, il le doit au roman éponyme), des décors et une ambiance inquiétantes faisant rappeler bien des chef d'œuvres plus anciens, un coté visuel et des « tronches » inoubliables, et une histoire captivante avec une enquête parfaitement menée par un Sean Connery en grande forme, et des implications qui donnent bien évidement a réfléchir sur le pouvoir de l'Église a l'époque, mais que l'on pourrait transposé assez facilement dans bien des régimes plus modernes. Un must inoubliable, indéniablement.

jeudi 23 décembre 2010

LES AVENTURES DE TINTIN : LE CRABE AUX PINCES D’OR


LES AVENTURES DE TINTIN : LE CRABE AUX PINCES D’OR

Tintin s'intéresse à la mort d'un marin, retrouvé noyé dans un port. Cette mort, dont on ne sait pas si elle est accidentelle, a un lien avec une boîte de crabe vide que Milou a trouvée en fouillant dans une poubelle. En effet, on a retrouvé dans les vêtements du marin un message écrit sur un bout de papier qui, vraisemblablement, faisait partie de l'emballage de cette boîte de conserve. Ce message comporte un mot : « Karaboudjan », qui s'avère être le nom d'un cargo. Tintin enquête sur le Karaboudjan, mais il est bientôt retenu prisonnier à bord par l'équipage... Tintin découvre par la suite que l'équipage du Karaboudjan pratique le trafic d'opium, et que les boîtes de conserve stockées sur le navire ne contiennent pas du crabe, contrairement à ce que leur emballage laisserait à penser, mais servent en fait à transporter la drogue. Il rencontre le capitaine Haddock, qui est théoriquement le maître à bord, mais qui, à cause de son penchant pour l'alcool, est délibérément enivré par son lieutenant Allan, désireux de rester seul maître à bord. Tintin apprend à Haddock stupéfait que son équipage est impliqué dans un trafic de drogue. Ce dernier s'enfuit avec lui. Tintin, Milou et Haddock se retrouvent par la suite au Maroc, où le jeune reporter s'emploie à démasquer les trafiquants et Haddock à combattre son alcoolisme…

Neuvième album des célèbres Aventures de Tintin, Le crabe aux pinces d’or, sans avoir la qualité intrinsèque d’autres tomes comme les dytiques Le secret de la Licorne/Le trésor de Rackham le rouge, Objectif Lune/On a marché sur la Lune ou même Tintin au Tibet et s’il est moins connus que le mal aimé Tintin au Congo, n’en reste pas moins, dans les aventures du plus célèbre des reporters, indispensable quant a l’univers de celui-ci ; en effet, Le crabe aux pinces d’or marque un tournant notable dans la vie de Tintin puisque c’est dans cet album qu’apparaît pour la première fois celui qui deviendra la figure paternelle par excellence, qui va suppléer Milou comme compagnon principal du reporter, j’ai nommé, l’indispensable, le colérique, le si humain, Capitaine Haddock. Car si dans les huit premiers volumes, Tintin devait se contenter de son chien comme seul et unique compagnon (les Dupontds étant juste un élément comique accessoire), avec Haddock, Hergé passe a la vitesse supérieure et trouve enfin la parfaite antithèse a son héros : car autant celui-ci est bien trop propre, trop pur, avec notre bon vieux loup de mer, nous avons droit a tout son contraire ; colérique, bagarreur, alcoolique notoire, insultant (ah les insultes du Capitaine Haddock, a elles seules, c’est une légende !),bourré de défauts, avec Haddock, Hergé peut se permettre tout ce qu’il ne peut pas faire avec Tintin, et autant celui-ci est bien trop propre pour être honnête, le Capitaine, lui, est tout bonnement humain. Car ne nous leurrons pas, nous aurions tous aimer être comme Tintin, mais au final, nous sommes tous des Capitaines Haddock qui s’ignorent (ou qui s’assument). Ainsi, rien que pour cette amitié naissante entre deux personnages que tout oppose, pour ce début de l’un des duos les plus célèbres de l’histoire de la bande dessinée, Le crabe aux pinces d’or vaut largement le détour.

Ainsi, quelque part, ce neuvième album vaut plus pour son coté historique que pour ses qualités en elles mêmes, mais ne nous leurrons pas, Le crabe aux pinces d’or n’en reste pas moins un bon Tintin, et ce, pour deux raisons : tout d’abord, et même si ca l’air idiot de le rappeler, il n’existe tout bonnement pas de mauvais Tintin, tous sont de qualité, ce qui est rare dans le milieu de la BD ; certes, après, chacun a ses préférences, mais il serait exagérer de prétendre que tel album du reporter a la houppette est nul (n’en déplaise aux pourfendeurs de Tintin au Congo ou de Tintin au pays des Soviets). Ensuite, l’histoire de ce neuvième tome des Aventures de Tintin est bonne, tout simplement. Certes, il y a mieux, mais tout de même, ce trafic d’opium caché dans des boites de conserves de crabe, ce pauvre Capitaine tellement embourbé d’alcool qu’il n’est au courant des agissements de son second, le perfide Allan qui fait là se deuxième apparition après le déjà lointain Les cigares du Pharaon, cette petite virée dans le désert marocain après des débuts plus marins, et surtout, cet humour, toujours présent que ce soit grâce a Milou et aux deux flics du pauvre que sont les Dupont/Dupond, mais surtout, grâce a, bien entendu, le Capitaine Haddock qui écrase l’album de sa présence au point de quasiment reléguer Tintin au second plan, et bien, tout cela me botte bien et fait que je garde une certaine sympathie pour ce Crabe aux pinces d’or.

Bien évidement, le lecteur attentif remarquera que les cases sur une page, destinées à augmenter le nombre de planches marque bien un petit tour de passe passe de la part d’Hergé qui nous offre là une histoire plus courte qu’a l’accoutumer, de même, il est indéniable que l’intrigue est un chouïa moins prenante que d’habitude, mais bon, au final, Le crabe aux pinces d’or, ne serais ce que pour les débuts tonitruants du Capitaine Haddock n’en reste pas moins un indispensable des Aventures de Tintin… comme tous les autres en gros.

lundi 20 décembre 2010

LEGEND


LEGEND

Dans un monde imaginaire où la paix et l'harmonie sont maintenues grâce à la magie d'un couple de licornes, vivent la princesse Lily et Jack, un jeune homme pour qui la nature semble ne pas avoir de secret. Dans cette contrée, le démon Darkness, tapi dans l'obscurité, n'attend qu'une occasion pour s'emparer des licornes et les tuer, ce qui engendrera une nuit éternelle. Les gobelins, ainsi que l'amour que Jack porte à sa princesse lui seront d'une grande aide. Jack, avec l'aide de lutins et d'une fée capricieuse, devra tout faire pour rétablir ce qu'il a contribué à détruire, et ce avant qu'il ne soit trop tard...

Ah, la bonne vieille Heroic Fantasy des années 80, sincèrement, elle ne me manquait pas le moins du monde. Mais qui dit « manquer » ne signifie pas que je l’avais oubliée, loin de la. D’ailleurs, pour être tout à fait franc, il aura presque fallut attendre la sortie de la trilogie du Seigneur des anneaux au cinéma pour que ce genre, l’Heroic Fantasy, donc, gagne enfin ses lettres de noblesses sur grand écran, car avant l’adaptation de l’œuvre de Tolkien, celui-ci connu une longue, très longue traversée du désert du point de vue cinématographique au point que certains n’hésitaient pas a parler de genre totalement maudit. Ainsi, de temps en temps, et contrairement à la SF par exemple qui avait le vent en poupe (remember Star Wars), l’on avait droit a un Willow, a un Princesse Bride ou bien, a un Legend, donc, sujet qui nous préoccupe aujourd’hui, avec a chaque fois, un résultat bien loin d’être véritablement a la hauteur de ce que l’amateur d’Elfes, d’Ogres et de Dragons espérait. Mais il faut aussi avouer que la technologie de l’époque n’aidait pas vraiment au développement d’un genre alors mineur, qui n’allait intéresser que les fanatiques de Donjons & Dragons et autres Livres dont vous êtes le héros ; pas d’images de synthèses, des effets spéciaux digne du Muppet Show, cela pose un peu le problème de l’époque, les années 80… quoi que, en y réfléchissant, quand on se souvient du travail somptueux d’un magicien comme Ray Harryhausen quelques décennies auparavant dans des films comme Le Septième voyage de Sinbad, Le Voyage fantastique de Sinbad ou Jason et les Argonautes, il y a de quoi être dubitatif.

Mais ce Legend alors, que vaut-il véritablement ? Bon, en toute franchise, il est assez représentatif de ce que fut la Fantasy au cinéma dans les années 80 et tout ce que j’ai dit plus haut lui va plutôt bien. En plus, l’acteur principal du film, comble de chez comble, est notre brave Tom « Scientologie » Cruise, alors tout jeune, le cheveu mi-long et a l’orée de sa carrière. Personnellement, le père Cruise, je ne l’aime pas du tout, tant le personnage public avec sa secte pour riches que l’acteur (sauf dans Entretien avec un Vampire), ce qui fait que le voir déambuler au milieu des marionnettes du Muppet, de types grimées en lutins, d’espèces de soit disant Kobolds du pauvre (dont un ridicule avec une tête de cochon) et d’une princesse a la coupe très eighties, cela ne le fait pas trop. Donc, vous l’avez compris, Legend, ce n’est pas vraiment pour moi.

Mais en faisant abstraction de mes gouts personnels, de mon âge et de mon antipathie notoire pour le représentant numéro un de la scientologie, j’ai essayer de me mettre un peu a la place de mes enfants, avec qui j’ai vu le film et qui l’avaient apprécier ; et là, c’est tout de suite une autre histoire, car, du haut de mes 36 ans, de mon vécu, de mes préférences, mon opinion sur Legend ne pouvait être neutre, par contre, pour de jeunes enfants, je dois reconnaître que ce film est parfait. Ainsi, j’ai décidé de demander l’avis de mes trois enfants, et de le retranscrire ci-dessous :

Rafaël, 4 ans ½ :

Bah j’aime bien les licornes, l’autre aussi qui a coupé la corne de la licorne, elle était méchante ! Après, c’est rien. Oui, c’était bien.

Alexandre, 7 ans ½ :

Moi j’ai aimé quand l’autre il s’est roulé dans la neige, quand celui qui s’appelait Jack il avait tué le monstre. C’était bien fait (le film). Elles étaient bien les licornes. Et c’est tout.

Anna, 7 ans ½ :

J’ai adoré quand les licornes courraient toutes les deux dans la rivière, par contre je n’ai pas aimé quand le gobelin a coupé la corne de la licorne. J’ai aimé quand Jack à tuer le méchant qui lui, était très très beau, mais très méchant. Le film était super mais un peu triste. Ah, et les lutins du petit garçon de la foret étaient un peu drôles avec les grandes oreilles, d’ailleurs le petit garçon de la foret aussi.

Effectivement, Legend plait aux enfants, c’est un fait indéniable. Par contre, je ne pense pas que Ridley Scott, en le réalisant, ait souhaité faire un film pour jeunes enfants, mais bon, cela importe peu. Parfaitement représentatif de ce qu’était la Fantasy au cinéma dans les années 80, il en porte malheureusement tous les défauts de l’époque. Cependant, je dois reconnaître qu’il possède quelques qualités, une certaine poésie même et que c’est un fort jolie conte pour les plus jeunes. Et puis, petite cerise sur le gâteau, comment ne pas vous parler de la grande réussite de ce Legend, le fameux et diabolique Darkness ? Car si l’on peut être dubitatif avec les lutins, si l’on peut trouver l’accoutrement de Tom Cruise tout bonnement ridicule et trouver la princesse niaise, comment ne pas s’extasier devant ce sublime Darkness ? La classe a l’état pur, sans aucun doute possible, au point qu’à un moment donné du film, j’ai souhaité que le seigneur des ténèbres du jour étripe tous ces fichus lutins, se tape Cruise et écartèle la princesse (euh, ou le contraire ?), mais bon, malheureusement, ce ne fut pas le cas… dommage ;)

LA JOURNÉE DE LA JUPE


LA JOURNÉE DE LA JUPE

Sonia Bergerac est professeur de français dans un collège de banlieue difficile. Elle vit difficilement la dureté quotidienne des relations avec ses élèves, et est d'autant plus fragilisée par le départ de son mari. Lors d'une répétition de théâtre avec une de ses classes, elle découvre un pistolet dans un sac d'élève. En cherchant à s'en emparer, un coup part et blesse un élève à la jambe. Dans la confusion du moment, elle craque et prend sa classe en otage. Alors qu'à l'extérieur, les autorités scolaires, policières et politiques peinent à comprendre et à réagir à la situation, Sonia impose à ses élèves sa vision et leurs contradictions.

En toute franchise, je dois reconnaître que cela faisait belle lurette que je souhaitais le voir cette fameuse Journée de la jupe qui fit tant couler d’encre lors de sa sortie en mars 2009. Car, que l’on veuille ou non, que l’on aime ou pas ce film, que l’on soit d’accord ou non avec son contenu, il est indéniable que celui-ci connu l’une des campagnes de presses les plus dénigrantes qu’il m’ait été donné de voir ces dernières années. Car il faut savoir remettre un peu les choses dans le contexte de l’époque : en 2008 était primé à Cannes, le festival des paillettes, un autre long métrage dont le sujet était les difficultés d’enseigner dans les quartiers difficiles dans la France d’aujourd’hui ; reconnu par la critique, porté aux nus, ce film, Entre les murs, plu au paysage médiatique français, et, accessoirement, à Sean Penn, président alors du jury du Festival de Cannes alors en conflit avec le système éducatif de son propre pays, les Etats-Unis. Je dois reconnaître que je n’ai pas vu ce film, mais j’en connais, par ma femme, enseignante (je tiens à le préciser car cela a son importance), et par la presse le contenu général : oui, ce n’est pas facile d’être un prof aujourd’hui mais bon, il faut savoir se battre pour ses élèves etc. etc. etc. Bref, un film que l’on nous a présenté comme étant « coup de poing » sur la réalité d’aujourd’hui mais au final, assez politiquement correct par sa forme. Cela me dérange un peu de critiquer une œuvre que je n’ai pas vu, et d’ailleurs, il faudra probablement qu’un jour, je fasse l’effort de voir ce fameux Entre les murs. Et ce, même si j’ai un énorme problème, mais alors un gigantesque pour ne pas dire un himalayesque soucis avec François Bégaudeau, prof de français de son état a la base qui écrivit un livre qui donna le fameux film dans lequel il joua son propre rôle et qui depuis squatte les plateaux télé, surtout sur Canal + en donnant son avis sur tout et n’importe quoi. Mais bon, Bégaudeau c’est une chose et je jugerais mieux Entre les murs le jour où je le verrais, cependant, il me semblait nécessaire d’en parler, vu que ce film est indissociable de ce que j’appellerais le problème La journée de la jupe.

En 2009, donc, sortit quasiment anonymement, un autre film sur le même sujet, cette fameuse Journée de la jupe, d’abord diffusé sur Arte, puis, dans quelques rares salles de cinéma. Et immédiatement, nous avons eu droit à tout le contraire, d’un point de vu médiatique, que lors de la sortie d’Entre les murs : en effet, si quelques rares critiques louèrent la qualité du film, de son contenu, de son message, les autres, bien plus nombreux pour la plupart, le descendirent en flèche, critiquant honteusement a tout va, le trainant dans la boue, avec, en tête de fille, mes très chers amis de Libération qui en firent une affaire personnelle, les Inrocks, comme par hasard, et… L’Humanité (sic), ce qui ne m’étonnas pas le moins du monde. Quand a Canal + et ses chroniqueurs donneurs de leçons de morale qui ont un avis sur tout, si je les épargne sur ce coup là, c’est parce que je ne me souviens plus trop de leurs propos, mais bon, ne croyez pas que ceux-ci furent enthousiastes… Et donc, sortis à quelques mois d’intervalles, le cinéma français avait eu droit à deux films, Entre les murs et La journée de la jupe, dont l’un fut porté aux nues par l’intelligentsia parisienne et l’autre, brulé sur le buché de l’antipolitiquement correct. Etrange ? En fait, pas le moins du monde.

En fait, tout est une affaire de point de vue : l’on peut se voiler la face, se dire que tout vas pour le mieux dans le meilleur des mondes, trouver toutes les excuses du monde a tout et n’importe quoi, s’autoflagélé en permanence en chantant l’éternelle petite rengaine « mais ce sont des victimes de la société », accepter, au nom de je ne sais quelle incarnation divine, création humaine par ailleurs, toutes les traditions, les lois mêmes les plus absurdes (je n’en vise aucune en particulier, mais toutes, a mettre dans le même sac), fermer les yeux sur ce qui se passe dans les banlieues, sur cette société où l’on protège les criminels et où l’on fustige les victimes, bref, faire de l’angélisme de gauche (et je dis cela car je suis de gauche), encore et encore, et aggraver davantage la situation. Ou alors, l’on peut aller a contre courant, pointer du doigt là où ca fait mal, oser dire la vérité, même si elle blesse, même si cela reviendrait à dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, l’on peut en finir une bonne fois pour toutes avec ces non dits, ce laissé aller qui ont fait que la situation actuelle est quasiment, je dis bien quasiment, insupportable. Ce n’est pas du pessimisme, c’est encore moins du racisme, même si en lisant mes propos, les bobos vont hurler au loup, non, c’est tout juste montrer la réalité, dire que oui, tout va mal, et que ce n’est surement pas en glorifiant un système qui a donné de si piètres résultats que l’on s’en sortira, si encore, on s’en sorte un jour. Oui, tout cela n’est qu’une affaire de point de vue ; du social, il en faut, de la répression, n’en déplaise à la gauche extrême, bah il en faut également. Et voilà donc pourquoi l’un de ces films, Entre les murs, fut porté aux nues, et l’autre, La journée de la jupe, critiquer jusqu'à n’en plus soif. Angélisme d’un coté, politiquement correct, ca passe, alors que quand on montre la réalité, brute, implacable, bref, quand on va a contre courant, l’intelligentsia veille au grain.

Car indéniablement, La journée de la jupe frappe fort, ne cache rien, et nous montre, oui messieurs dames, que cela vous plaise ou non, la France d’aujourd’hui : un pays sans respect, où règne la loi du plus fort, de l’argent, des paillettes, où la femme est de moins en moins considérer, où les parents, qui ont un avis sur tout, ont abandonner leur rôle, l’éducatif, pour l’école, au moment où celle-ci, de toute façon, ne peut plus rien : ah, il était beau d’interdire d’interdire, mais tout en étant contre les châtiments corporels, vous trouvez normal qu’il n’y ait plus de respect dans les établissements scolaires ? Vous trouvez normal que les professeurs et les instits de primaire se fassent copieusement insulter (et je sais de quoi je parle, souvenez vous) ? Vous trouvez normal qu’ils aillent travailler la peur au ventre, qu’ils n’aient plus le droit de punir, que tout de suite ils aient à faire aux parents, aux grand frères, au type qui passait par la et qui leur mettent une pression impossible, parfois des la maternelle (véridique), ces mêmes individus qui eux, ne remplissent même pas leur rôle éducatif ? Vous trouvez cela normal ? Alors oui, La journée de la jupe ne vous plaira pas. Vous trouverez cela exagérer, surjouer, impossible, et pourtant… et pourtant… non, c’est cela les établissements en ZEP. Vous croyez quoi mes amis bobos, que c’est une garderie, que ce sont juste des gamins un peu chahuteurs ? Allons bon, ca, c’était de mon temps, dans les années 80, où, quand on rigolait un peu trop, on était considérer comme étant une classe difficile. Mais jamais, oh grand jamais on n’aurait osé s’en prendre a un professeur ! Et les punitions, vous croyez peut être que mes parents auraient été râlé celui qui me l’aurait donné ? Allons bon, j’étais, comme les autres, bien mal barré ! Non, on était des rigolos à l’époque. Et cela fait longtemps que les élèves sont passés a la vitesse supérieure. Très supérieur…

Alors oui, la violence de La journée de la jupe ne m’étonnes guère, celle des élèves, elle n’est que tristement banale, il suffit de se balader d’en la rue, de prendre les transports, où d’être ou de connaître quelqu’un du milieu enseignant. Quant au prof qui pete un câble et qui prend sa classe en otage, ce qui m’étonnes, c’est qu’il n’y ait pas déjà eu des dérapages dans le genre. Car vous croyez que cela n’arrivera pas un jour ? Qu’un homme ou une femme, a force d’insultes, d’irrespect, de menaces, ne disjoncte complètement et ne fasse un carton dans sa classe ? Heureusement que nous ne sommes pas aux Etats-Unis et que le port d’armes ne soit pas autoriser a tout le monde car sinon… Alors oui, La journée de la jupe dérange, mais c’est parce que ce film touche là où sa fait mal, qu’il nous montre la réalité telle qu’elle est, sans travestissement, sans faux fuyants, que presque chaque scène, chaque réplique est juste : ce proviseur qui avoue que s’il parle des problèmes, il sera mal vu et s’il ne dit rien, cela sera pareil ; cette ministre de l’intérieur qui explose en disant que les femmes se sont battus pendant des siècles pour avoir le droit de porter un pantalon et qui ne veut pas entendre parler d’une journée de la jupe et qui me fait penser a ces féministes américaines qui voient en chaque homme un violeur, qui vont imposer tout et n’importe quoi dans les universités, dans les entreprises et qui ne pensent qu’au mot « harcèlement » mais qui se moquent littéralement des vrais problèmes des femmes des ghettos, victimes elles, de la violence masculine ; ce prof d’espagnol, qui se fait tabasser par des jeunes mais qui ne voit là qu’un échange de points de vue différents ; ces mères de familles, dépassées certes, mais qui ne voient rien, ou qui ne veulent rien voir ; ce commerçant, asiatique, qui vient nous montrer que le racisme n’est pas le lot des « blancs », eternel raccourcis si facile ; ces filles, victimes de tournantes, considérées comme des putes, et forcement, bah oui, consentantes. Des exemples comme cela, La journée de la jupe en fourmille et cela serait trop long de tous les énumérés. Mais c’est à cause d’eux, justement, que ce film est si mal passé aux yeux de certains.

Indéniablement, et malgré sa quasi censure qui me fit penser au sort d’un autre film, Katyn (oh, celui là, il eut du mal avec tous les vieux fans du Petit Père des peuples), La journée de la jupe est un film qui mérite d’être vu ; de part son propos, véritablement coup de poing, lui, la vérité qui y est montrée, sans fard ni faux fuyants, mais aussi pour ses acteurs, du plus connu, Isabelle Adjani aux plus obscurs, les élèves, tous sont parfaits. Alors oui, il n’est pas politiquement correct, oui, il dérange, mais franchement, cela fait un bien fou de voir un film courageux qui sort, pour une fois, des sentiers battus.

samedi 18 décembre 2010

THE MAN WHO SOLD THE WORLD


THE MAN WHO SOLD THE WORLD

David Bowie

1 - The Width of a Circle (Bowie) 8:05
2 - All the Madmen (Bowie) 5:38
3 - Black Country Rock (Bowie) 3:32
4 - After All (Bowie) 3:52
5 - Running Gun Blues (Bowie) 3:11
6 - Saviour Machine (Bowie) 4:25
7 - She Shook Me Cold (Bowie) 4:13
5 - The Man Who Sold the World (Bowie) 3:55
6 - The Supermen (Bowie) 3:38


The Man Who Sold the World
Musicien : David Bowie
Parution : 4 novembre 1970
Enregistré : 18 avril – 22 mai 1970
Durée : 40:37
Genre : Hard Rock, Heavy Metal, Folk Rock, Blues Rock, Glam Rock
Producteur : Tony Visconti
Label : Mercury

Musiciens :
David Bowie : chant, guitare, Dubreq Stylophone
Mick Ronson : chant, guitare
Tony Visconti : basse, piano, guitare
Mick Woodmansey : batterie, percussions
Ralph Mace : synthétiseur Moog

Mon avis : Et dire que je l’ai détesté pendant des années! Sacré David Bowie, j’aurais passé mon enfance a ne pas pouvoir le voir, et ce, uniquement parce que, étant un petit brun a la peau matte, j’avais du mal tout petit avec les blonds aux yeux bleus (le comble, c’est que le mince duc blanc les a vairons) qui étaient, quelque part, la norme en France ; après tout, ne disait-on pas « nos chères petites têtes blondes » ? Et puis, en ce début des années 80, Bowie était partout avec son Let’s Dance et son China Girl qui tournaient en boucle a la radio et a la télé jusqu'à n’en plus soif. Ainsi, il m’aura fallut bien plus d’une décennie pour le redécouvrir, me procurer tous ces albums, en tomber presque amoureux, musicalement, cela va de soit, et le reconnaître pour ce qu’il est, indéniablement, c'est-à-dire, comme l’un des meilleurs auteurs compositeurs tout bonnement génial de la seconde moitié du vingtième siècle. Et autant j’ai put détester David Bowie enfant, autant je l’adore depuis que je suis adulte. Cette petite introduction me semblait nécessaire afin d’expliquer la relation que j’ai entretenu avec le personnage, qui, pour rappel, nous a quitter en janvier dernier ; avec Bowie, je ne suis pas véritablement objectif, sauf dans ses périodes de vaches maigres artistiquement parlant dans la seconde moitié des années 80. Pour moi, Bowie, c’est comme les Beatles, les Stones (euh, jusqu’en 72), Neil Young et quelques autres, un génie dont je ne me lasse pas d’écouter en boucle chacun de ses albums avec, a chaque fois, le même plaisir. Et pour ce qui est de sa longue production artistique, il y a de quoi faire, et justement, parce que David Bowie fut et restera mon artiste préféré, et comme, depuis les débuts de ce blog, je n’ai jamais eu l’occasion de vous parler du moindre de ses albums, ce qui, ma foi, est une véritable hérésie, pourquoi ne pas commencer par le commencement et par sa première véritable réussite en 33 tours qui vaille le détour, l’envoutant The Man Who Sold The World. Sortie a la fin de l’année 1970, The Man Who Sold The World sans atteindre la qualité et le succès de bon nombre d’albums géniaux a venir et un véritable tournant pour Bowie et, accessoirement, un véritable petit bijoux qui laisse entrevoir bon nombre de merveilles a venir. Déjà, la pochette, où Bowie pose langoureusement en robe sur un canapé avec son jeu de cartes éparpillées devant lui pose le personnage : il est fini et bien fini le temps des chemises a fleurs et du Peace and Love, voila maintenant venu des chanteurs ambigus, où le strass et les paillettes se mêlent a des textes hallucinés parlant de folie, de dieux homosexuels et de lobotomie en pagaïe. Bref, Bowie et le Glam Rock, cela donne ca : son plus magnifique représentant, mais aussi sa plus parfaite antithèse, contrairement a Marc Bolan par exemple qui était le Glam a (presque) lui tout seul. Ainsi, en ce début des seventies, un curieux petit bonhomme aux yeux bizarres, autrefois mime de son état, nous offre un album majeur, au son distordant et aux textes auxquels on n’a parfois bien du mal a tout comprendre et où, au dessus de tout cela, plane sa voie, intemporelle, reconnaissable entre mille et qui, des milliers de fois après l’avoir entendu et réentendue, me donne toujours autant de frissons. Et donc, The Man Who Sold The World, avec ses plus de quarante ans d’âge, fascine encore aujourd’hui, avec en ouverture, le magistral The Width Of A Circle, ses huit minutes et ses guitares folles où Bowie fait le récit d'un voyage psychologique, violent et sexuel duquel les héros sont lui, l'autre lui (son double schizophrénique) et dieu, qui est aussi un amant homosexuel de Bowie, avec qui il partage des expériences sadomasochistes. Des le départ, la messe est dite, le personnage posé, et on va en prendre pour des décennies de plaisir. Et si ce titre, tout bonnement excellent, est une belle entrée en matière, comment ne pas s’attarder sur ce que je considère comme le sommet de l’album, All the Madmen, traitant de la schizophrénie et de lobotomie avec son invocation finale « zane zane zane ouvre le chien », l’un de mes titres préférés de Bowie, mais aussi de belles petites perles comme After All ou The Supermen avec son surhomme nietzschéen. Mais il en manque une, et de taille puisqu’elle donne même son nom a l’album. Comme beaucoup de personnes, j’aurais connu The Man Who Sold The World (la chanson, pas l’album) par la version de Nirvana. Tout bonnement excellente, cette reprise mérite, pour une fois, le détour, ce qui n’est pas toujours le cas par ailleurs. Mais malgré sa valeur, indéniable, j’ai une nette préférence pour l’originale, celle de Bowie, moins crade, plus, comment dire, planante, plus mystérieuse et où, une fois de plus, la voie sublime tout. Inspiré d’une nouvelle de science fiction, le titre partage encore aujourd’hui les avis, les uns préférant l’original de Bowie, les autres, celle de Nirvana, mais quoi qu’il en soit, et quelque soit les opinions diverses qui ont plus à voir entre les gouts et les couleurs de chacun, ce titre est la preuve de l’inventivité et du génie du Mince Duc Blanc. Ainsi donc, The Man Who Sold The World restera dans l’histoire de la musique comme le premier des indispensables de Bowie ; pas encore totalement un chef d’œuvre comme les merveilles à venir, il n’en reste pas moins excellent et fourmille de bons titres annonciateurs de la suite qui s’avérera, comme chacun sait, excellente. Personnellement, et après moult écoutes, je ne me lasse toujours pas de cet album, ne serais ce que pour ces deux titres que sont The Width of a Circle et All the Madmen, que je trouve exceptionnels, mais bon, quelque part, c’est un peu le cas pour moi avec tous les albums de Bowie. Et dire qu’enfant, je ne pouvais pas le voir !


Points Positifs :
- Sans être un véritable succès a l’époque, The Man Who Sold the World est le premier opus de Bowie où le génie de se dernier pointe enfin le bout de son nez sur la totalité de l’album : l’ensemble est cohérent, Bowie a enfin trouver son univers et nous l’impose, musicalement, il y a tout un tas de choses fort intéressantes, quand aux textes, nous sommes a des années lumières de ce qui se faisait auparavant dans la musique populaire.
- Il n’y a pas de mauvaises chansons dans cet opus, mais reconnaissons que des titres comme The Width of a Circle, The Man Who Sold the World et, surtout, All the Madmen, se démarquent nettement du lot et sont de véritables petites merveilles.
- Justement, dans cet album, même si le ton général est le même, Bowie aborde moult styles musicaux et l’on passe allègrement du Heavy Metal au Folk en passant par le Blues ou des prémices du Glam.
- La pochette, tout simplement culte avec notre David Bowie posant langoureusement en robe sur un canapé. 

Points Négatifs :
- Tony Visconti, compagnon de toujours, est déjà aux manettes mais la production, elle, souffre tout de même un peu par moments, surtout si on la compare avec ce qui se fera par la suite. Parfois, le son est un peu étrange, la voix de Bowie un peu en retrait…
- Malgré un ensemble plus qu’acceptable, on sent que Bowie se chercher encore un peu, d’où, justement, ces divers genres musicaux abordés. Mais bon, cela arrivera très rapidement.

Ma note : 8,5/10

mardi 7 décembre 2010

L’HISTOIRE SECRÈTE – LA PORTE DE L’EAU


L’HISTOIRE SECRÈTE – LA PORTE DE L’EAU

En 1970, à la frontière israélo-jordanienne, sur le site des ruines du palais d'Hérode, l'archonte Erlin croise ce qui ressemble à un fantôme : feu Guillaume de Lecce, alias le roi en jaune, envoie sur lui des djinns de sable et le menace d'une vengeance proche. L'année suivante, un jeune photoreporter du nom de Sean Flynn (fils du célèbre acteur) travaille à Saigon, en marge de la guerre du Vietnam. Sa curiosité mal placée incite sa rédaction – sous recommandation de la CIA – à l'envoyer en mission au Laos. Il atterrit sur la base secrète de Long Chieng, le plus grand aéroport du pays. Il y fait la connaissance de James T. Chance, un agent américain qui le prend sous son aile. Chance est un drôle de personnage, qui joue aux cartes et manipule le hasard, comme pour accumuler un maximum de chance. Ensemble, à bord d'un petit zinc, ils ravitaillent Igmur, un ancien SS allemand qui a bâtit une sorte de potentat local et fait commerce de pavot, dans la vallée de Han Huo. Mais au petit matin, Chance a discrètement flingué Igmur et il leur faut fuir en urgence par la voie des airs, depuis une piste de décollage verticale compliquée...


L'Histoire Secrète – La Porte de l'Eau
Editeur : Delcourt
Scénario : Jean-Pierre Pécau
Dessins : Igor Kordey
Couleurs : Len O'Grady
Couverture : Manchu, Olivier Vatine
Genre : Fantastique, Etrange, Historique, Mondes décalés
Pays d’origine : France
Langue d’origine : français
Parution : 01 décembre 2010
Nombre de pages : 54

Mon avis : Et bien, et bien, et bien, nous voilà déjà au vingtième tome de cette longue, décidément très longue saga qu’est L’Histoire Secrète, cette œuvre où le scénariste Jean Pierre Pécau et le dessinateur Igor Kordey nous entrainent dans une histoire de l’humanité parallèle où les Archontes, des êtres semi eternels, manipuleraient celle-ci, au grès de leurs envies et de leur fantaisies. Une série où le hasard et la chance occupent une place de première ordre, une série ou manipulations, secrets se mêlent et où une multitude de personnages historiques font leur apparition, la quasi-totalité liés a l’une des familles des Archontes, et où, forcément, le moindre événement historique, dans la grande tradition du sieur Pécau, se doit d’être expliquer, parfois, de très bonne manière, mais pas toujours, avouons le. Personnellement, j’adhère a cette Histoire Secrète et chaque nouveau tome est toujours un petit événement en soit, pas forcement d’un point de vu hautement qualitatif, car cette série possède ses hauts et ses bas, mais surtout, après tant de temps, pour en connaître la suite. Indéniablement, La porte de l’Eau, serait plutôt, selon moi, à classer dans les volumes légèrement moins réussis de la saga. Oh, que l’on ne croit pas qu’en disant cela, la médiocrité soit au rendez vous, loin de là une telle idée, mais disons plutôt que si par certains moments, j’ai vraiment accrocher a cette saga, cet énième volume m’aura moins intéresser qu’en temps normal ; la faute peut être a l’un des défauts récurrents de la série, le fait que celle-ci parte un peu dans tous les sens de temps en temps. Je m’explique : Jean Pierre Pécau, dans L’Histoire Secrète, a le don de complexifier son récit de façon parfois exagérée, cela plait ou non, mais c’est un fait. Personnellement, en temps normal, cela ne me dérange pas trop, mais de temps en temps, l’on se retrouve avec un tome comme celui là, où l’on s’attarde sur des événements annexes, qui n’ont de rapports avec l’intrigue principale que de loin, tandis que celle-ci n’avance pas spécialement. Certes, les Archontes font leurs apparitions dans La porte de l’Eau (il était arrivé une fois qu’ils ne daignent même pas le faire, peut être étaient-ils en grève ?), mais de façon épisodique, au début, pour de la parlote avec ce brave Erlin, puis a la fin où celui-ci va sauver sa sœur, camée jusqu’à la moelle ; entre temps, l’autre sadique de Dyo fit une courte apparition au Kremlin et puis c’est tout. Le reste de l’album, en suit les pas d’un journaliste de guerre, fils d’Errol Flynn (pourquoi pas) et d’un excellant joueur, un certain T Chance (oh le nom !!!) en plein conflit vietnamien et qui s’en vont en vadrouille assassiner un ancien SS membre qui s’est reconverti dans le trafic de drogue. Bon, on apprend également que l’administration US pour contrer sa jeunesse contestataire, bref, le plan de Reka (voir L’Âge du Verseau), à décider de la plonger dans la dépendance aux stupéfiants (une explication comme une autre, chacun en tirera ce qu’il voudra) et cette découverte, importante pour l’intrigue n’est pas négligeable, mais avait-on besoin pour cela de se taper les péripéties de Flynn Junior et d’un vieux baroudeur en vadrouille au Vietnam et au Laos pour cela ? Permettez-moi d’en douter. Cependant, malgré une petite baisse d’intérêt lié plus au fond qu’a la forme, le lecteur habitué retrouvera avec plaisir des protagonistes auxquels il est habitué, des explications aux complots les plus fous (attention les amis, voilà, roulements de tambours, le Watergate !!!) et des promesses pour les futurs albums de la série. Mais en fait, c’est un peu le problème de cette Porte de l’Eau, qui se lit rapidement, mais qui ne satisfait pas vraiment le lecteur, plus pressé de découvrir la suite que de revenir sur un tome qui finalement, n’apporte pas grand-chose de nouveau.


Points Positifs :
- Ma critique a put paraitre fort négative mais en fait, ce vingtième tome n’est pas si mauvais qu’on pourrait le penser : l’histoire est pas mal, il y a quelques bonnes idées, et, surtout, tout un tas de pistes sont évoquées pour la suite de la saga, comme, par exemple, la confirmation (mais on s’en doutait) que Guillaume de Lecce est toujours en vie ou le piètre état de Reka.
- S’il y a au moins une chose que l’on ne peut pas enlever a Jean-Pierre Pécau, c’est ses connaissances historiques ; il excelle dans ce domaine et c’est fou le nombre de choses que l’on peut apprendre en lisant cette série – évidement, il y a un travail de recherche à faire ensuite.
- Depuis quelques tomes, le duo Kordey/ O'Grady fonctionne a plein régime et une fois de plus, les planches de cet album sont une pure réussite – si l’on apprécie le style du croate, bien entendu.

Points Négatifs :
- Je n’en ai pas parlé dans ma critique mais en fait, le personnage de T Chance est l’un des protagonistes d’Arcanes Majeur, une série parallèle de Pécau se déroulant dans le même univers ; du coup, ce vingtième tome est une sorte de crosover entre les deux séries. Ceux qui connaissent Arcanes Majeur (et Arcanes) prendront sans nul doute plus de plaisir a la lecture de cet album.
- C’est un peu plus décousu que dans les tomes précédant, surtout en raison de toute la partie avec T Chance et le journaliste qui n’apporte pas grand-chose a l’intrigue principale.
- J’ai noté une erreur de Jean-Pierre Pécau : Moshe Dayan affirme qu’il a connu Curtis pendant la seconde guerre mondiale, or, c’est après celle-ci qu’il le rencontre pour la toute première fois : voir Sion.

Ma note : 6,5/10

vendredi 3 décembre 2010

THORGAL – LA MAGICIENNE TRAHIE


THORGAL – LA MAGICIENNE TRAHIE
(Suivi de) PRESQUE LE PARADIS

Thorgal est condamné à mourir pour avoir aimé et été aimé par la fille de Gandalf-Le-Fou, roi des vikings du nord cruel et sans pitié, Aaricia. Ce dernier l'attache lui même à l'anneau des sacrifiés pendant que la mer monte. Pour éviter la mort, Thorgal accepte le marché d'une femme mystérieuse, venue de nulle part accompagnée d'un loup. Elle lui propose un étrange marché : une année de sa vie en esclave soumis contre sa liberté. Sa première mission consiste à ramener les anneaux de Freyr gardés par un nain et un géant...


Thorgal – La Magicienne trahie
Scénario : Jean Van Hamme
Dessins : Grzegorz Rosinski
Couleurs : Grzegorz Rosinski
Couverture : Grzegorz Rosinski
Editeur : Le Lombard
Genre : Heroic Fantasy, Science-Fiction
Pays d’origine : Belgique
Langue d’origine : français
Parution : janvier 1980
Nombre de pages : 46

Mon avis : Cela faisait quelques d’années que j’hésitais a me lancer dans Thorgal ; a la fois attirer par l’ambiance, le contenu et la qualité de cette œuvre, j’avais un peu peur de devoir me taper l’acquisition d’une trentaine de volumes par la suite. Mais bon, après moult hésitations et un énième feuilletage en magasin, je me suis décidé hier et me suis enfin procurer le premier volume de la saga, paru en 1980 déjà, et intitulé La magicienne trahie. A celui-ci, les auteurs ajoutèrent à l’album un court récit du héros nordique, plus récent, Presque le Paradis. Mais commençons par le début, et donc, par les débuts de la saga… Indéniablement, ce qui choque les yeux tout d’abord lorsque l’on découvre le premier volume de la saga Thorgal en 2010, c’est les dessins ; « ah, c’est de la bonne vieille BD a papa ca ! », comme on n’en fait plus. Et si je m’attendais, avant coup, a un truc ressemblant par le style a Rahan (allez donc savoir pourquoi ?), j’eu la surprise, en voyant les planches de cet album, de constater que celui-ci lorgnait plus du coté des comics américains de la même époque. Certes, par la suite, le style évoluera et l’on retrouvera plus un coté « franco-belge », comme on peut le voir dans le second récit Presque le Paradis, plus tardif (mais je ne sais pas de quand il date, enfin, je n’ai pas cherché non plus), mais pour ce qui est des débuts de Thorgal, indéniablement, c’est le cas. Alors bien évidement, ce style fait « vieillot » et accuse franchement son âge de nos jours, mais bon, si vous passez outre ce dernier, dites vous au moins que Grzegorz Rosinski livrera des planches sublimes par la suite. Mais bon, outre les dessins, il y a le plat principal, l’univers de Thorgal, et la, si depuis la parution de ce premier tome, on en a vu et revu et s’il a perdu de son originalité, je dois reconnaître que celui-ci m’a enthousiasmé d’emblé : se déroulant dans un moyen-âge imaginaire, l’action se situe dans le grand nord, chez les vikings et cela nous permet de sortir du carcan si lassant a force où semble enfermer la Fantasy depuis Tolkien, celle avec des elfes et des gobelins, des dragons et des ogres, des chevaliers, des magiciens et tout plein de bons sentiments. Dans Thorgal, place au grand nord, à la neige, aux légendes où l’on côtoie Odin, les Valkyries et Siegfried, place a un autre univers, moins utiliser par les auteurs, ce qui nous apporte un changement salvateur et agréable. Et encore, ce n’est qu’un début puisque la suite de la saga ira beaucoup plus loin et lorgnera même du coté du fantastique pur et dur (et oui, il m’arrivait de feuilleter Thorgal de temps en temps), mais pour le moment, nous n’en sommes pas la. Ainsi, ce premier album nous présente les personnages, Thorgal, si différent de ses semblables et dont on devine qu’un mystère rode sur ses origines, aux prises avec le chef des vikings, Gandalf-Le-Fou (tient, il est plus magicien celui-là ?) qui décide de se débarrasser de lui. Sauver par Slive, la fameuse Magicienne trahie, notre héros doit donc accomplir une quête afin d’assouvir sa vengeance, et là, on a droit a des combats fulgurants, des trahisons, des objets magiques et des révélations, dans la ligne droite de ce que l’on trouve d’habitude dans le petit monde de l’Heroic Fantasy. Il est clair que dit comme cela, La Magicienne trahie n’a pas l’air d’être un récit vachement original, mais bon, c’est le premier volume d’une très longue saga, qui s’apprécie sur sa globalité (et qui accessoirement, n’est pas achevée !) et que, vu que cette BD date d’il y a trente ans, il faut savoir relativiser nos impressions et nos comparaisons avec d’autres œuvres bien plus récentes. Quoi qu’il en soit, et malgré des dessins franchement vieillots, j’ai apprécié ce premier récit et quelque part, c’est ce qui compte. Dans l’édition que je possède, il y a une histoire courte, Presque le Paradis, qui se lit comme une aventure indépendante de notre brave et ténébreux viking ; et là, en toute sincérité, j’ai encore plus accroché que pour l’autre : bon, déjà, question dessins, c’est le niveau supérieur, mais ce n’est pas la raison principale de mon enthousiasme puisque le scénario, où Thorgal se retrouve dans une espèce de lieu fermé, où le temps s’écoule différemment selon les dires de ses habitantes, et où le lecteur ne cesse de s’interroger, ne sachant plus qui croire, ce, jusqu’au superbe coup de théâtre final est un petit bijoux qui mérite le détour. Bref, vous l’avez compris, Thorgal à trouver un nouvel admirateur, c'est-à-dire, moi-même. Bien évidement, il faudra attendre que je lise un nombre plus conséquent d’albums, que je voie un peu où tout cela va mener pour que je me fasse une opinion plus précise de l’œuvre, cependant, pour un premier tome, je trouve que cette Magicienne trahie est d’assez bonne facture et laisse présager des lendemains enchanteurs.


Points Positifs :
- Les débuts de l’une des bande dessinées franco belges les plus marquantes des trois dernières décennies : originale pour son concept qui mêle habillement Heroic Fantasy et SF dans un univers de vikings – avec, bien entendu, tout ce qui tourne autour de ces derniers comme les dieux, les créatures mythiques, etc. – Thorgal se démarque nettement de la concurrence, souvent trop conventionnelle.
- Un premier tome qui permet de faire la connaissance des protagonistes, de l’univers et où on comprend que les origines de Thorgal sont un peu mystérieuses…
- Le second récit qui complète ce premier tome, Presque le Paradis, est bien plus réussi : plus récent, avec un  Grzegorz Rosinski qui livre une prestation superbe, on prend un plaisir certain à la lecture, surtout pour le final, un peu prévisible mais réussi.

Points Négatifs :
- Il est clair que les dessins de La Magicienne trahie sont plus que vieillots : Rosinski fera bien mieux par la suite (d’ailleurs, on le constate tout de suite dans Presque le Paradis) mais là, ce n’est pas du tout ça… et puis, on dirait du comics de l’époque, c’est-à-dire, franchement bof de nos jours.
- Même scénaristiquement, la série montera en puissance au fil des tomes mais bon, on dira qu’ici, c’est un tome de présentation des personnages et de l’univers…

Ma note : 7/10