mardi 15 mai 2012

LE BAL DES VAMPIRES



LE BAL DES VAMPIRES

Le professeur Abronsius, un savant de l'université de Koenigsberg, spécialiste en vampires et en vampirisme, parcourt l'Europe centrale à la recherche de ces créatures, en compagnie de son jeune assistant, Alfred. Leur quête les conduit au fin fond de la Transylvanie subcarpathique. Les deux hommes font halte dans un village, à l'auberge juive de Shagal, où ils emménagent dans une chambre du second étage, communiquant avec une salle d'eau. Abronsius croit qu'il y a des vampires dans le coin ; les gousses d'ail installées un peu partout dans l'auberge semblent le prouver. Quant à Alfred, il est plus intéressé par Sarah, la fille de l'aubergiste, qui adore prendre des bains dans la pièce adjacente. Le lendemain, Sarah est enlevée dans sa baignoire par le comte von Krolock. Alfred en est témoin car il regardait par le trou de la serrure. Shagal part aussitôt au secours de sa fille. Les paysans le retrouvent un peu plus tard, mort et avec des traces de morsures.


Il y a quelques semaines à peine, le 29 février dernier pour être précis (j’ai pourtant l’impression que c’était il y a une éternité), je publiais sur ce blog la critique de Rosemary’s Baby, véritable petit bijou du célèbre réalisateur, Roman Polanski, personnalité à la fois géniale et critiquable dont j’ai quelques fois eu l’occasion de vous parler au cours de ces dernières années. Lors de cette critique, je signalais le fait que, jusqu’alors, je n’avais jamais eu l’occasion de vous parler d’une œuvre du réalisateur d’origine polonaise, ce qui, au vu de sa filmographie, était presque une aberration ; et c’est donc, presque coup sur coup que je répare cet état de fait, ce qui, au vu du talent, que je ne conteste pas, du monsieur, est assez mérité. Et donc, aujourd’hui, c’est vers une autre œuvre ancienne de Roman Polanski que je me tourne avec ce qui est, à mes yeux, l’un de ses films que je préfère : Le bal des vampires.

Le hasard aura fait que, après avoir abordé le cas Dracula hier, un autre film ayant pour protagonistes principaux des vampires soit de nouveau à l’honneur ; rien de prémédité dans cela, simplement ce que j’appellerais les joies du hasard qui, comme chacun le sait, fait souvent bien les choses. Quoi qu’il en soit, si vous n’avez jamais entendu parler du Bal des vampires, sachez que celui-ci n’a pas grand-chose à voir avec une œuvre comme Dracula, bien entendu, voir même avec la plupart des films vampiriques ; enfin, pas directement. Car avant toute chose, Le bal des vampires est une parodie du genre, un film qui utilise à merveille tous les poncifs du genre – et là, l’amateur de films d’horreurs gothiques sera en terrain connu – et qui les réutilise de façon à faire rire le spectateur. Ici, et sans tomber dans le grand guignolesque comme ce put l’être le cas dans bon nombre de parodies, Roman Polanski use et abuse de tout l’attirail qui a fait la renommée du genre : sombre château perdu dans la montagne, village proche avec ses habitants peu loquaces, serviteur bossu (qui aurait pu se prénommer Igor), maitre du château qui est forcément Comte et en tenue d’apparat (costume noir, cape rouge), victimes forcément plantureuses, comme adversaire du Vampire, un spécialiste de la chose, sans oublier, forcément, tout le matériel anti-vampires comme l’ail, les pieux, le maillet et les crucifix. Sauf que, si la forme est respectée, parodie oblige, l’on s’aperçoit rapidement que tout cela est détourné : entre un vampire juif, un autre sourd voir le fils du Comte, homosexuel notoire, le ton est donné ; ensuite, comment ne pas franchement rigoler en voyant les deux adversaires du comte von Krolock : le professeur Abronsius tient plus d’un Tournesol en pilotage automatique qu’autre chose quand a son serviteur, Alfred – joué par Polanski en personne, non crédité au générique – peureux, obsédé et maladroit, on le voit mal tenir deux minutes faces aux hordes vampiriques qu’il s’apprête à affronter. Et quand on voit le reste du casting comme l’aubergiste, sa femme et leur fille – joué ici par Sharon Tate – qui ne pense qu’à prendre des bains, force est de constater que ce Bal des vampires ne peut qu’être qu’un grand moment de folie.


Et sur ce point, Roman Polanski réussi parfaitement son coup puisque le problème des parodies, c’est que la plus part du temps, celles-ci sont tellement surjouées, tombent tellement dans le grand guignolesque qu’au final, ces œuvres se limitent à des successions de gags qui peuvent certes faire mouche, mais qui ne donnent pas forcément de bons films. Or ici, si le coté humoristique est fortement présent, pour ne pas dire omniprésent, on ne peut que constater que ce Bal des vampires est une petite réussite puisque, si Polanski à souhaiter créer une parodie des films de vampires, il a su respecter le genre de la meilleure des façons et rendre un magnifique hommage aux récits d’épouvantes vampiriques. Mais plus qu’une simple parodie, le réalisateur a tenu à apporter quelques petites modifications en rendant ses protagonistes plus humains, en modifiant l’image des vampires, créatures de la nuit solitaires qui possèdent ici une vie sociale – le fameux « bal » - mais aussi, avec un refus iconoclaste du happy-end pro-humain – à la fin, le genre vampirique va pouvoir quitter son ilot isolé et se propager dans le monde. Brrr, on tremblerait presque si tout cela n’était pas aussi drôle.


Paru en 1967, Le Bal des vampires, aux yeux des plus jeunes, est peut-être une œuvre qui accuse son âge ; personnellement, je trouve que celle-ci a particulièrement bien vieilli, en comparaison avec d’autres films datant de la même époque mais je comprendrais que pour d’autres, cela ne soit pas le cas. Œuvre assez amusante en soit, celle-ci distille un humour qui n’est pas trop lourd, ce qui est une gageure ; certes, certaines scènes cocasses sont parfois limite mais dans l’ensemble, Polanski a su parfaitement maitriser son sujet, empêchant son film de tomber dans le grand guignolesque. Servit qui plus est par un casting parfait comme Ferdy Mayne dans le rôle du comte Von Krolock, Jack MacGowran en professeur Abronsius complétement déjanté, Sharon Tate, sexy en diable dans son bain et même Polanski lui-même, tout simplement parfait dans un rôle de benêt qui lui va comme un gant, force est de constater que ce Bal des Vampires est une belle réussite qui, après moult rediffusions, me procure toujours autant de plaisir. 

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