L’HOMME
TRUQUÉ
Au
seuil de l'hypermonde ... Janvier 1919. Un être difforme surnommé « L'Homme truqué » sème la
terreur au nord de Paris. Léo Saint-Clair le Nyctalope se lance à sa poursuite,
épaulé par Marie Curie qui vient de rentrer du front. Mais très vite, la
terreur change de camp. Et si la chasse au monstre débouchait sur une nouvelle
expérience de la vision ? L‘homme truqué
est une très libre adaptation du roman éponyme de Maurice Renard paru juste
après la Première Guerre mondiale et dont l’argument est le suivant : le 27 mai
1918, le lieutenant Jean Lebris, grièvement blessé au visage lors d’un assaut
sur le Chemin des Dames, est kidnappé par une mystérieuse organisation qui
teste sur lui un système expérimental de vision électrique. Relâché six mois
plus tard près de Paris, Lebris, défiguré, terrorise la population des
faubourgs et devient une sorte de légende urbaine : l'Homme truqué.
Ce
début d’année 2013, pour ce qui est de la bande dessinée, avait été marqué,
pour ma part, principalement par deux séries : la cultissime œuvre d’Edgar
P. Jacobs, Les
aventures de Blake et Mortimer, dont j’emprunte les volumes à ma
médiathèque, histoire de connaitre enfin l’une des bande dessinées les plus
importantes de l’après-guerre dans le monde francophone et, dans un genre
complètement différent, Prométhée,
une BD plus moderne, œuvre de Christophe Bec et toujours en cours de parution
aux éditions Soleil. Ces deux sagas,
indéniablement, auront, quoi qu’il arrive, marquer cette année et même s’il est
encore bien trop tôt pour prétendre que l’une ou l’autre soient considéré comme
étant la BD de 2013, force est de constater qu’elles n’en seront pas loin. Et,
justement, puisque je vous parle de cette petite distinction que j’ai l’habitude
de donner annuellement, et ce, depuis les débuts de ce blog, comment ne pas se
souvenir d’une autre saga qui, en son temps (2011), fut elle aussi considérée
comme étant la BD de l’année, je veux bien évidement parler de La
Brigade chimérique. Œuvre de Serge Lehman au scénario et de Gess aux
dessins, ce véritable chef d’œuvre, et je pèse mes mots, avait été, lors de sa
sortie, probablement la bande dessinée la plus intéressante et captivante qu’il
m’avait été donné de lire depuis fort longtemps ; en effet, les auteurs,
dans celle-ci, avaient souhaiter réaliser le vieux rêve de bons nombres d’amateurs
de comics et de bande dessinée européenne, c’est-à-dire, créer des super héros « bien de chez nous » comme
dirait l’autre, cependant, plutôt que de se contenter d’en créer de toutes
pièces, comme ce fut le cas, par exemple, avec l’excellent Sentinelles
de Xavier Dorison, ceux-ci eurent le coup de génie de reprendre à leurs comptes
bon nombres de figures majeures, et oubliées, des feuilletons, romans et
nouvelles du début du siècle, nous prouvant au passage que, contrairement à ce
que l’on pouvait penser, le genre superhéroique possédait des gènes européens à
la base et que si, depuis le second conflit mondial, celui-ci n’avait plus
droit de citer, force est de constater qu’il suffisait d’un souffle, et, dans le
cas présent, d’une œuvre, pour nous le révéler à nouveau. Mais La Brigade chimérique, bien plus qu’une
simple bande dessinée, aussi exceptionnelle fut-elle, n’était qu’un début, qu’un
premier jalon posé sur le grand œuvre d’un Serge Lehman : imposer de fait
les super héros sur le vieux continent. Certes, pas ceux d’outre-Atlantique, archi-connus
et même trop d’ailleurs, mais les nôtres, ceux qui faisaient vibrer nos
arrières grands parents. Et donc, quelques mois plus tard, arriva ce qui devait
arriver : la parution du premier tome de Masqué,
toujours de Lehman, où le grand retour des justiciers costumés dans le Paris du
vingt et unième siècle, une œuvre plus légère que La Brigade chimérique, plus
simple d’accès, mais qui n’en restait pas moins dans la même veine.
Et
si Masqué m’avait plutôt enthousiasmé
pour ses débuts (mais pas autant que son illustre prédécesseur), je dus
constater, à mon grand regret, qu’une pointe de déception fut au rendez-vous du
troisième
tome de la série et que j’avais un peu de mal à accrocher à cette bande
dessinée, faisant même que je laissais de côté l’acquisition du quatrième et
dernier volume de la saga, celui-ci ne faisant plus trop partie de mes priorités
pour les semaines à venir. Et, tandis que je planifiais justement mes futurs
achats en faisant des volumes manquant de Prométhée ceux à acquérir en
priorité, telle ne fut pas mon immense surprise lorsque, alors que je trainais
sur le net, de tomber sur cet Homme truqué,
de découvrir, bouche bée, son synopsis, et surtout, de m’apercevoir qu’en plus,
il était déjà sorti dans les rayons ! Ni une, ni deux, quelques clics de
souris et la commande était passée (oui, je sais, je ne me déplace plus dans les
magasins et les libraires, mais pourquoi faire, il y a toujours du monde et
rarement ce que je veux, alors que, sur le net…), et donc, il y a quelques
jours à peine, mon précieux Graal arrivait dans ma boite aux lettres !

Mais
je parle, je parle, mais au fait, que vaut cet Homme truqué ? Car bon, on a compris son lien avec un certain
chef d’œuvre qu’il est inutile de nommer pour la énième fois mais celui-ci,
justement, ne suffit pas pour faire d’un canasson un pur-sang, c’est bien connu !
Eh bien, comment dire, si, effectivement, il me parait évidant que L’Homme truqué n’est pas un nouvel
Ourasi en puissance, il n’en reste pas moins un cheval plutôt racé, a l’œil vif
et qui se débrouille plutôt pas mal sur les champs de course ; bref, une
métaphore idiote, j’en conviens, mais pour vous dire de façon imagée que oui,
nous avons bel et bien là une bande dessinée qui mérite amplement le détour. Scénario
toujours aussi efficace et qui ravira les amateurs, dessins qui collent, une fois
de plus, parfaitement à l’ambiance générale de cet univers, nous ne pouvons que
louer les qualités de cet Homme truqué,
tellement loin des productions habituelles et bien plus profond que celles-ci. Alors,
bien entendu, cette BD plaira avant toute chose à tous ceux et celles qui
auront apprécié La Brigade chimérique,
d’ailleurs, quelque part, elle leur est destinée, mais qu’importe, quand la qualité
est au rendez-vous, il faut savoir le reconnaitre, et, ici, c’est
indéniablement le cas. Quant à ceux qui ne connaitraient pas encore La Brigade chimérique, je ne peux que
leur conseiller qu’une seule chose : la découvrir au plus vite, car
sincèrement, c’est probablement la bande dessinée la plus intéressante de ses
dernières années.
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